La Turquie, les Kurdes et les montagnes On en parlait il y a un mois, l’armée turque a lancé une grande opération pour envahir le canton kurde d’Afrin, au Nord-Ouest de la Syrie, aidé par ses copains de l’Armée Syrienne Libre. Ça ne se passe pas aussi bien que prévu pour eux. Au bout d’un mois, seuls 23 villages sur les 350 du canton sont contrôlés par les forces pro-Turcs, soit 7% du territoire visé par la campagne militaire. Tous ces villages sont proches de la frontière, dans des endroits où les forces kurdes n’ont pas pu mettre en place une défense efficace, mais l’armée turque se heurte désormais à une première réelle résistance. Les combattants kurdes sont expérimentés aux techniques de guérilla en terrain montagneux, et arrivent très bien à ralentir considérablement l’avancée turque. Les armes qu’ils ont pu acquérir durant la guerre civile syrienne leur ont permis de détruire plusieurs tanks et un hélicoptère turcs, ce qui représente une grosse gifle symbolique pour le régime d’Erdogan. Moralité: c’est bien beau d’avoir des chars blindés et des armes en grand nombre, mais c’est peu efficace dans des montagnes qu’on ne contrôle pas. À noter que des informations plus ou moins fiables laissent penser que des agents du régime de Bachar al-Assad se mettraient en position dans la ville d’Afrin pour soutenir les forces kurdes contre l’invasion turque, ce qui, en plus des difficultés techniques, pourrait finir de dissuader la Turquie. Ou promettre un regain de violences. |
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La situation dans le canton d’Afrin, au Nord-Est de la Syrie
- En jaune les positions kurdes
- En vert les positions de l’armée turque et ses alliés
- En rouge les positions du régime syrien
Les trois tours bleus au sud du canton sont des postes d’observation mis en place par l’armée turque dans les zones rebelles syriennes
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Le Congo, la guerre et à nouveau la guerre Un des conflits les plus sanglants du siècle a eu lieu dans un pays quatre fois plus grand que la France, et c’est pourtant une guerre complètement oubliée aujourd’hui. The Economist revient sur la guerre civile en République Démocratique du Congo, nous rappelant alors que le risque de retour du conflit n’a jamais été aussi présent. En 1994, les génocidaires du Rwanda, vaincus, battent en retraite et se réfugient dans le Zaïre voisin (qui sera bientôt renommé République Démocratique du Congo). Les troupes rwandaises entrent dans le territoire zaïrois pour finir le travail. Personne ne leur oppose de résistance, tant le dictateur de l’époque, Joseph-Désiré Mobutu, est alors détesté. Le Rwanda en profite donc pour le renverser, et y mettre un copain, Laurent Kabila, à la place. Sauf que lui aussi se met vite à préférer les génocidaires Hutus, et le Rwanda soutient alors activement une rébellion armée contre celui qu’ils ont aidé à placer au pouvoir. D’autres pays africains s’en mêlent, certains en soutien de la RDC, certains en soutien du Rwanda. Des groupes paramilitaires et/ou criminels fleurissent dans le pays, les institutions s’écroulent, les ressources sont pillées selon la loi du plus fort. Quand la guerre s’essouffle enfin au début des années 2000, une importante force de Casques Bleus de l’ONU tente de maintenir une paix fragile. Pour autant le pays se relève trop difficilement des longues années de chaos. L’instabilité est maintenue par une corruption omniprésente, les déplacements de populations fuyant la guerre, l’absence de légitimité du gouvernement… Ces dernières années marquent le retour en force des milices dans le pays. L’année 2018 marquera l’année des coupes drastiques du financement américain à l’ONU, fragilisant un bon nombre d’opérations de maintien de la paix, dont celle encore en cours au Congo. Un retour du conflit dans un des plus grands pays d’Afrique présenterait un important risque de propagation des violences sur le continent. La balle est dans le camp du gouvernement actuel, qui a promis des élections dans les mois à venir, mais aussi dans le camp des puissances étrangères, africaines ou autres, qui ont le pouvoir diplomatique et politique de calmer le jeu plutôt que l’envenimer comme ce fut le cas lors du précédent conflit. |
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L’arme nucléaire et les EMP Vous l’avez remarqué, j’aime bien parler d’Apocalypse, donc on va encore parler de nucléaire, mais cette fois pas avec le genre de stratégie qu’on a habituellement en tête pour la guerre nucléaire. On rapporte assez instinctivement l’armement nucléaire aux grosses explosions qui vitrifient des villes entières. C’est normal, c’est le cas les deux seuls exemples historiques d’attaques atomiques (Hiroshima et Nagasaki). Pourtant, l’arme nucléaire est pleine de ressources, de la bombe sale tant souhaitée par certains groupes terroristes aux armes tactiques dont j’ai déjà parlé. Mais aujourd’hui, un bon article explicatif de Mauldin Economics propose des’intéresser à l’utilisation du nucléaire dans le cadre d’une attaque à impulsion électromagnétique (IEM, ou EMP en anglais). Le principe des EMP est simple, et les fans de jeux vidéo le connaissent bien en principe: une forte émission d’ondes électromagnétiques vient griller tous les appareils électriques et électroniques environnants. Il se trouve qu’une déflagration nucléaire, si elle a lieu à une certaine altitude, pourrait servir d’EMP sur un très vaste territoire. On ne se retrouve donc pas avec la ville anéantie dans les flammes, mais, comme le montre la carte ci-dessous, le potentiel de destruction reste colossal. En outre, il suffit d’une seule ogive bien placée. Il se trouve que la Corée du Nord en a, des ogives, et le fait que les États Unis en aient 4000 de plus ne change rien au problème si Pyongyang préfère utiliser ses missiles pour créer un micro-ondes géant. La perspective d’une nation qui perd la quasi-entièreté de son réseau électrique suppose un bilan humain plutôt lourd, et pose la question de la capacité de seconde frappe. Pour autant, l’article rappelle bien que, en l’absence d’exemples historiques, la vraie puissance EMP des armes nucléaires est dure à déterminer, et que ce simple fait pourrait dissuader la Corée du Nord (ou une autre nation pas contente) de tenter l’expérience. En bonus, dans le doute, une petite vidéo sur le business renaissant des abris anti-atomiques |
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L’étendue supposée des dégâts d’une EMP nucléaire selon l’altitude de détonation, que je vais de ce pas convertir en système métrique
- Une détonation à 50 km de hauteur aurait un impact dans un rayon de 770 km
- Une détonation à 195 km de hauteur aurait un impact dans un rayon de 1610 km
- Une détonation à 480 km de hauteur aurait un impact dans un rayon de 2370 km
Le rayon dépend néanmoins de la puissance de l’arme détonée, Il est probable que l’ampleur des dégâts soit moindre plus l’arme est enclenchée à haute altitude. |
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L’armée chinoise et les arbres Soixante mille soldats chinois sont chargés de planter 6.66 (ça ne s’invente pas) millions d’hectares de forêt autour de Pékin, dans un effort de réduction de la pollution atmosphérique produite dans ce pays. Mais surtout une occasion de rappeler qu’un soldat, ça ne sert pas qu’à faire la guerre. Continuons de leur trouver une vraie utilité. |
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[VIDEO] Trump et le reste du monde John Oliver revient enfin, et nous propose une saillie contre la diplomatie (ou la non-diplomatie) de Trump avec le reste du monde. On y parle de soft power (concept qui consiste à ne pas traiter les autres pays de « shitholes »), de l’absence de leadership global qui profitera vite à la Chine, et de l’avenir de l’Europe délaissé même au sein de l’OTAN. Pessimiste et drôle. |
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