Les djihadistes sur la frontière, les robots tueurs à faible potentiel de cohésion sociale, et trois vidéos

  • Auteur/autrice de la publication :
  • Post category:GéoPol

Et voilà enfin une première newsletter envoyée du Kosovo (je suis bien arrivé, tout se passe bien). Aujourd’hui on s’intéresse rapidement à l’implantation des groupes djihadistes entre la Libye et l’Égypte, puis sur ce que la robotisation de l’armée pourrait impliquer pour le rôle social de cette institution. On poursuit avec trois vidéos cette fois, une sur l’histoire de la révolution démocratique au Kurdistan syrien, une sur le statut de l’Antarctique et la logistique nécessaire pour ses habitants, pour finir avec une vidéo expliquant l’origine de la distinction entre les deux Congo. Bonne lecture!

Les djihadistes et la frontière égypto-libyenne
On l’a déjà vu, la chute du colonel Kadhafi a ouvert la voie du contrôle territorial à plusieurs groupes paramilitaires. Les groupes djihadistes, principalement liés à l’État Islamique ou à Al-Qaeda, n’ont pas laissé l’occasion s’échapper, et utilisent l’espace désertique libyen comme sanctuaire et base opérationnelle. Le Washington Post explique à quel point la frontière entre l’Égypte et la Libye est devenue une zone centrale pour l’implantation de ces groupes. La nature désertique des lieux permet d’assurer la clandestinité, ainsi qu’une facile mobilité vers les grandes villes des deux pays, pour des questions logistiques ou pour proférer des attaques. Le retour des militants de l’État Islamique fuyant la défaite en Syrie et en Irak vient grossir les rangs des groupes d’Afrique du Nord. Il est évidemment impossible de surveiller totalement une frontière de mille kilomètres en plein désert, raison pour laquelle les groupes criminels (notamment la contrebande de drogue) et les groupes terroristes privilégient ce genre de territoire pour leurs activités (on retrouve une situation équivalente avec la frontière algéro-malienne). 

Les soldats robots et le ciment social
Alors que la recherche en robotique avance à grands pas, l’utilisation militaire de robots devient inévitable. Le principal débat soulevé récemment concerne des questions d’éthique: doit-on laisser à un non-humain le pouvoir de tuer des humains? Quelles limites faut-il poser à leur puissance meurtrière, ainsi qu’à leur champ de décision? War Is Boring propose une réflexion moins fréquemment abordée: que deviendrait l’institution de l’armée et sa place au sein de la nation si les robots en deviennent le moteur? L’armée sert dans beaucoup de pays de ciment social, clé de voûte d’une unité nationale parfois fragile. L’armée permet aussi la création ou la perpétuation de certains récits et mythes nationaux essentiels à la cohésion. Comment ces processus se renouvelleront avec une armée majoritairement composée d’androïdes? L’article propose deux hypothèses: soit, effectivement, l’armée perdrait sa compétence de créatrice de mythes et d’unificatrice de la nation, soit l’élite militaire réussira à humaniser les robots-soldats suffisamment pour que les processus sociaux que l’on a décrit continuent. Le paradoxe de la dernière hypothèse reste que l’on peut difficilement humaniser un robot tout en déshumanisant l’ennemi, bien humain, qu’il aura tué.

[VIDEO] Une histoire récente du Kurdistan syrien
Vox propose une courte vidéo revenant sur le processus révolutionnaire au Kurdistan Syrien (le Rojava) depuis le début de la guerre civile. De la lutte contre Daech à la mise en place d’une société démocratique, la vidéo explique comment les Kurdes, aidés par les autres populations locales (arabes, syriaques, etc.) ont mis en place leur propre régime dans l’une des situations les plus difficiles imaginables. La vidéo ne revient pas vraiment sur la forme du régime de démocratie directe, inspiré du municipalisme libertaire de Murray Bookchin, auquel je vous conseille très fort de vous intéresser.Je rappelle que le canton d’Afrin, enclave kurde au Nord-Ouest de la Syrie, est toujours sous le feu de l’armée turque, qui contrôle bientôt la ville principale. On compte environ 230 civils morts durant l’opération.

[VIDEO] L’Antarctique et la logistique
La chaîne Wendover Production a sorti une vidéo expliquant l’incroyable complexité de la logistique pour les habitants de l’Antarctique, tous des scientifiques internationaux. L’isolement et les conditions extrêmes du continent requièrent une minutieuse préparation pour l’envoi de vivres et de matériel. Mais ce qui peut vraiment intéresser les lecteurs de cette newsletter se trouve en début de vidéo, avec l’explication de la situation politique en Antarctique, dont certaines parties sont revendiquées par plusieurs États malgré le statut officiellement international du continent. Pour des raisons historiques, sept États, dont la France, revendiquent des bouts du territoire, officiellement pour des objectifs de recherche, en accord avec les traités internationaux qui interdisent la militarisation du territoire. Pour autant, la position des terres, malgré les conditions climatiques, est toujours extrêmement stratégique.

Les différentes revendications territoriales en Antarctique

[VIDEO] Le Congo et le Congo
La chaîne WonderWhy a sorti une vidéo expliquant pourquoi il y a deux “Congo” en Afrique, la République du Congo (ou “Congo-Brazzaville”) et la République Démocratique du Congo. La vidéo revient sur les origines coloniales de la distinction, avec par la suite une histoire des conflits sanglants qui ont marqué la région, histoire que l’on a déjà abordé il y a peu.

N’hésitez pas à partager cette newsletter avec ce lien d’inscription. N’hésitez pas également à répondre à cette newsletter pour me poser des questions, me congratuler ou m’insulter.

Retrouvez toutes les newsletter sur le site https://geopol.lol/

Cette publication a un commentaire

  1. Alex333

    La vidéo sur le pole l’Antarctique est magique. Des scientifiques isolés 7 mois sans liaison bateau et avion, en nuit h24. Magique 🙂

    Merci Jerem pour toutes ces découvertes. Continue !

Les commentaires sont fermés.