Terroristes suprémacistes et terroristes islamistes De nouvelles tueries de masse ont secoué les États-Unis récemment. Alors que ce genre d’événements devient presque une habitude, les médias ont toujours du mal à qualifier correctement le phénomène: ces drames sont des actes de terrorisme. Et il faut même aller plus loin dans la réflexion. Cette nouvelle vague de terrorisme issu du mouvement suprématiste blanc présente de grandes similarités avec le terrorisme que l’on commence à bien connaître: le terrorisme djihadiste.
Les buts affichés sont les mêmes, ceux de créer un sentiment de peur afin de destabiliser la société à leur avantage (pour recruter de nouveaux éléments, pour confirmer leur théorie de choc des civilisations, etc.) Mais au-delà, ce sont les méthodes et les images qui sont les mêmes. Djihadistes et suprématistes blancs se radicalisent sur des communautés virtuelles en évoquant des modes de vie « purs », avec une grande importance du culte du corps et de la virilité, pour justifier leur militantisme. L’utilisation de vidéos spectaculaires des attentats se répand chez les tueurs suprémacistes, imitant les traditionnelles vidéos de décapitation aujourd’hui bien connues. Alors que les djihadistes célèbrent des figures violentes comme Oussama Ben Laden, les suprématistes vénèrent les récents terroristes comme Anders Behring Breivik. Sur les plateformes anonymysées, les néo-fascistes s’envoient de la documentation sensible, entre textes racistes censurés et guides de fabrication d’armes et de bombes, un partage d’information que pratique notamment Al Qaeda sur l’internet de surface et sur le « deep web ». Comme tout groupe terroriste organisé, les suprématistes proposent des camps d’entraînement clandestins, rendus plus facilement possibles aux États-Unis avec la législation en vigueur sur les armes à feu et la possible formation de milices. Mais même sans ces camps, le conflit à l’est de l’Ukraine, toujours en cours, attire des militants d’extrême-droite du monde entier, venus s’entraîner au maniement des armes d’un côté ou de l’autre de la ligne de front. Plusieurs suprématistes blancs américains impliqués dans des violences récentes ont voyagé dans cette région auparavant. Ce n’est pas sans rappeler les conflits du monde musulman ayant cimenté le terrorisme islamiste global depuis les années 1980 (invasion soviétique de l’Afghanistan, guerres du Golfe, guerre de Bosnie, etc.)
Le mouvement suprématiste blanc ne semble pas encore assez centralisé pour réellement laisser penser à une menace organisée comme le sont Al Qaeda et l’État Islamique. Pour autant, l’évolution du mouvement laisse penser à ce qu’a été, en son temps, la naissance des réseaux djihadistes mondiaux. Les services de renseignement, notamment américains, ont alloué une énorme part de leurs ressources à la lutte contre l’islamisme violent. Il serait opportun de concentrer une plus importante partie des efforts sur la menace grandissante du suprématisme violent.
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