Notre futur et ses menaces
Comme le titre de cet article de Politico le suggère, l’émergence d’une pandémie globale était un phénomène attendu par les scientifiques, qui n’ont cessé de tirer la sonnette d’alarme ces dernières années. La prévention de cette crise a fait défaut, et notre résilience au niveau mondial est décevante. Mais si cette crise était prévisible, quelles autres menaces peut-on déjà cerner aujourd’hui?
L’article mentionné plus haut dresse une longue liste, non-exhaustive évidemment, puisque les inconnues restent de mise concernant ces questions. On note bien sûr les catastrophes naturelles, des séismes à la désormais inévitable catastrophe du changement climatique, mais on note aussi de nombreux éléments qui touchent à la géopolitique. Bien sûr, le terrorisme reste une menace persistante aujourd’hui. Mais, comme on l’évoquait ici, les services de renseignement commencent (ou du moins devraient commencer) à s’inquiéter plus des mouvements suprématistes blancs que de l’islam radical en déclin. Les groupes ultranationalistes sont de plus en plus connectés internationalement, et les appels à la violence armée fleurissent. Paradoxalement, c’est en reprenant des méthodes propres aux groupes terroristes islamistes qui se sont développés depuis les années 1990 que les groupes d’ultra-droite arrivent à prendre de plus en plus de place dans la scène terroriste mondiale. Un 11 septembre néo-nazi reste une potentialité.
Un autre élément à noter est le risque de cyberattaques dévastatrices, voire de « cyberguerre ». La dépendance accrue aux systèmes de télécommunication modernes, des hôpitaux à l’armée, rend vulnérables de nombreuses puissances qui ne pourront pas nécessairement contrer une attaque d’ampleur. Les techniques de cyberattaques se développant rapidement, et leur perpétrateurs étant difficiles à localiser (qu’ils roulent pour un gouvernement ou pour un groupe non-étatique), la mise en place de cyber-défenses efficaces peut laisser à désirer. Une grosse attaque pourrait faire des dégâts inimaginables sur un pays.
Sur le long-terme, bien que la menace soit diffuse dans nos esprits à cause de sa longue persistance, le risque d’une attaque voire d’une guerre nucléaire reste à envisager. Plusieurs scénarios sont toujours possibles aujourd’hui, de l’accident qui rendrait caduque toute la doctrine de dissuasion au baroud d’honneur d’un pays nucéarisé tel la Corée du Nord. Tant que les armes nucléaires existent et qu’elles sont à disposition des États, leur utilisation est une possibilité. Alors que la fin de la guerre froide voyait les États-Unis et la Russie diminuer leurs stocks, la tendance s’est inversée sous l’Administration Trump, qui a ré-engagé une dangereuse course à l’armement nucléaire.
Toutes ces histoires à nous maintenir éveillés la nuit posent la question de la prévention de ces menaces. Comme pour le COVID-19, la préparation pour faire face à ces crises laisse souvent à désirer, au grand dam des spécialistes. Un exemple intéressant dans l’article rappelle que l’agence de l’ONU qui surveille la mise en application de la prohibition des armes biologiques était doté d’un budget annuel de seulement un million de dollars et de… trois employés. Comment prévenir la réémergence de catastrophes humanitaires lorsque les institutions internationales n’ont pas les fonds nécessaires pour faire leur travail de garde-fous? Compter sur la bonne foi des États est une triste illusion. |