Bienvenue dans ce nouvel épisode de GéoPol! Aujourd’hui on ne parlera pas du fait que l’année 2018 n’a pas connu une seule tentative de coup d’état. Si c’est évidemment une bonne et surprenante nouvelle, avec un seul précédent dans les cent dernières années, ça n’aura pas duré longtemps en 2019 puisqu’une tentative de coup d’état a eu lieu au Gabon dès le 7 janvier.
Bien que ce soit de l’actualité fraîche, et historique, nous ne parlerons pas non plus de la ratification de l’accord sur le nom de la Macédoine par le Parlement grec vendredi 25 janvier. Le pays s’appellera désormais « Macédoine du Nord », pour le distinguer de la région grecque appelée également « Macédoine ». Les négociations avaient enflammé les patriotes des deux pays, mais ce vote vient mettre fin à un conflit vieux de trente ans. J’en avais déjà parlé ici, je ne m’étendrai donc pas sur le sujet à nouveau.
On ne parlera également pas du forum de Davos, car toujours rien de nouveau sous le soleil: des représentants de grandes industries et de grands États ont fait des grands discours qui seront rapidement oubliés. Pour autant il faut noter quelque chose d’assez peu commun: plusieurs chefs d’États d’importance ont annulé leur venue pour des raisons de politique intérieure. Ces derniers sont Donald Trump, pour cause de shutdown, Teresa May pour cause de Brexit compliqué, et… Emmanuel Macron pour cause de gilets jaunes. Si le chef d’État chinois Xi Jinping était également absent, la représentation chinoise était présente en force, et a pu combler le vide laissé par la représentation américaine. Un événement à teneur pas seulement symbolique.
En revanche, on va parler du Venezuela, des technologies de défense chinoises, et on se détendra devant deux vidéos, l’une sur comment survivre à une attaque nucléaire, et une seconde, en deux volumes, revenant sur l’Histoire de la guerre froide. Bonne lecture! |
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Le Venezuela, le président et l’autre président Sans grande surprise, le président vénézuélien Nicolás Maduro a remporté à nouveau les élections présidentielles en mai 2018, alors que l’opposition boycottait un scrutin qu’elle considérait biaisé voire truqué. Les manifestations massives contre le régime ont perduré, avec un regain en janvier 2019. Le 10 janvier, un certain Juan Guaidó, jeune politicien social-démocrate du pays, s’est autoproclamé nouveau président légitime, devant une foule en délire. Ce nouveau personnage est rapidement reconnu comme nouveau chef d’État légitime par les États-Unis, le Canada, et une majorité des pays d’Amérique Latine (dont l’Équateur au régime socialiste). À l’inverse, des pays anti-américains comme la Russie, la Chine, la Syrie et Cuba continuent de soutenir Maduro comme étant le seul souverain du pays. Le Venezuela est plongé dans une intense crise présidentielle, au bord de la schyzophrénie, alors que chacun regarde vers l’extérieur les nouvelles déclarations de reconnaissance de M. Guaidó. Mais à l’intérieur même des institutions du pays la question divise, l’Assemblée Nationale elle-même reconnaissant la présidence par intérim du nouveau venu.
La crise est grave, et pourrait dégénérer en guerre civile, chaque camp ayant un fort soutien d’une partie du peuple, et la région étant traditionnellement exposée à un réseau de groupes paramilitaires de différents bords. Donald Trump a affirmé que « toutes les options sont sur la table » pour envisager des solutions à cette crise, ce qui sous-entend évidemment une menace d’intervention militaire de la part des États-Unis (dont le gouvernement a peut être bien besoin afin de détourner les regards rivés sur les conséquences du shutdown et sur l’arrestation d’un conseiller de Trump). Face à cette situation difficile, l’Union Européenne reste sagement distante, ne prenant pas encore parti pour l’un ou l’autre. Des échos de tirs à balles réelles dans la foule se sont fait entendre, et on parle de plusieurs morts. Il est dur de démêler le vrai du faux sur un sujet si clivant. Rappelons que plus de 3 millions de personnes ont fui le pays en crise depuis plusieurs années, pour la plupart dans des pays voisins aux capacités d’accueil limitées (mais qui ont accepté de pratiquer une politique de portes ouvertes face au phénomène). Les troubles présents, qui peuvent facilement dégénérer, pourraient déstabiliser au-delà du Venezuela. Rappelons aussi que le Venezuela est le pays possédant le plus de réserves de pétrole au monde, une manne gardée bien au chaud depuis le régime de Chavez, dont les nationalisations ont permis un contrôle strict de la production et des exportations (et dont les bénéfices représentent une énorme majorité des revenus de l’État). Si le changement de régime est réussi, il y a fort à parier que l’industrie pétrolière du Venezuela s’ouvrira aux investissements étrangers (notamment americains) et que l’entrée du pays sur les marchés mondiaux risque de provoquer une forte baisse du prix du pétrole. Une nouvelle que d’autres pays reposant leur économie sur le pétrole, comme l’Arabie Saoudite, ne vont peut être pas aimer.
PS: The Atlantic nous propose un reportage photo couvrant les événements |
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La Chine et les technologies de défense On parle souvent de la Chine comme un géant économique prêt à doubler les États-Unis, tout en rappelant que ces derniers restent de loin la première puissance militaire. Ce pourrait ne bientôt plus être si clairement le cas. Un nouveau rapport américain établit que les capacités technologiques de la Chine dans le domaine militaire se sont développées rapidement, jusqu’à peut-être éclipser les capacités américaines dans certains domaines.
On considère les États-Unis comme la première puissance militaire parce que l’on prend en compte comme critères le budget alloué aux armées, le nombre de navires et autres véhicules, le nombre d’hommes mobilisés et mobilisables, le nombre de bases militaires dans le monde, etc. Mais un aspect plus qualitatif doit de plus en plus être pris en compte: la maîtrise de nouvelles technologies. La modernisation de l’armée chinoise, selon le rapport, comprend notamment le développement d’un bombardier nucléaire de fabrication nationale, une première dans le pays, mais aussi la maîtrise de capacités hypersoniques (des véhicules se déplaçant à Mach 5, permettant notamment d’éviter les systèmes de détection). La Chine se distingue également par sa technologie de pointe en termes de frappes balistiques de précision, où elle commence à se montrer plus performante que les États-Unis qui sont limités par les dispositions du « traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire » signé avec la Russie en 1987.
Ces nouvelles observations vont peut-être alimenter la guerre diplomatique enclenchée entre l’Administration Trump et la Chine, qui pourrait alors dangereusement se pencher vers une compétition militaire (déjà illustrée par l’organisation de vastes exercices militaires très orientés contre la Chine). Lorsque l’on rapproche les spécificités technologiques mentionnées précédemment, et le durcissement des positions du Premier Ministre Xi Jinping sur le statut de Taïwan, on peut également craindre un plan d’invasion de l’île.
Parallèlement à tout cela, une anecdote qui dénote: les États-Unis et la Chine ont collaboré lors d’une récente opération spéciale pour rappatrier en Chine de l’uranium enrichi produit au Nigéria, qui était exposé à un risque d’accaparement par le groupe terroriste Boko Haram. Face à ce genre de menace sécuritaire, la coopération s’avère bien plus efficace, et les services de renseignement la savent nécessaire. |
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[VIDEO] La bombe nucléaire et vous On espère qu’aucun humain n’aura à revivre ça, mais la chaîne TED-Ed se pose quand même la question: survivriez-vous à une attaque nucléaire? Après une brève explication du principe de la fission nucléaire, la vidéo revient sur ce qui attend les victimes d’une telle attaque: l’immense boule de feu centrale, dont on ne réchappe certainement pas, puis l’onde de choc et les retombées radioactives sur plusieurs dizaines de kilomètres. La principale procédure de survie à connaître: rester à l’intérieur d’un bâtiment solide, si possible dans son sous-sol, seule protection à disposition contre l’onde de choc, la chaleur et les radiations. Ces dernières s’étendent sur une grande superficie, dû aux « retombées radioactives » (fallout) qui commencent dans les 15 minutes suivant l’explosion, et qui peuvent être très nocives pour la santé voire létales. Malheureusement ces particules radioactives traversent facilement les fines parois comme les fenêtres, donc pensez à vous barricader par exemple avec une grosse couche de terre. Restez en intérieur dans les premières 24 heures suivant l’explosion accroît énormément les chances de survie face aux radiations. Si par malheur vous avez été exposés aux retombées radioactives, retirez vos vêtements contaminés, jetez-les bien loin de vous et nettoyez scrupuleusement la peau exposée. Écoutez les informations pour connaître les mesures à suivre, si possible sur une radio à piles (l’électricité pouvant être coupée). Bonne chance! |
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[VIDEO] Les États-Unis, la Russie et leur guerre froide Un de mes créateurs Youtube préférés, OverSimplified, revient enfin avec sa vulgarisation humoristique historique, cette fois pour couvrir toute la période de la guerre froide, en deux épisodes (1 et 2). Plan Marshall, pont aérien de Berlin Ouest, guerre de Corée, espionnage, bombe atomique, dé-stalinisation, crise des missiles de Cuba, guerre du Vietnam, Détente, glasnost & perestroïka, chute du mur de Berlin et dissolution de l’URSS: toutes les étapes de cette longue période de tensions sont évoquées rapidement. Attention, comme le veut le principe de la chaîne, c’est de la vulgarisation extrême, qui se veut drôle, donc je vous invite à creuser plus en profondeur les éléments qui vous intéressent particulièrement.
Une critique cependant: aucune mention n’est faite au mouvement des Non-Alignés, ces nombreux pays du « Tiers-Monde » qui ont refusé de choisir un camp, et qui ont voulu coopérer ensemble pour assurer leur développement. Un tel mouvement aurait du avoir sa place dans les deux vidéos, tant il a été important dans l’histoire des relations internationales, et a une influence encore aujourd’hui. Pour ceux qui se demandaient, c’est la raison pour laquelle deux pays sont en rose sur les cartes de l’Europe présentées dans les vidéos. La Yougoslavie et l’Albanie étaient des régimes communistes, mais ont refusé de se rattacher au bloc de l’Est, souhaitant être indépendants de Moscou. Le chef d’État yougoslave, Tito, a été un des principaux architectes du mouvement des Non-Alignés. L’Albanie, elle, n’a jamais fait partie du mouvement des Non-Alignés, mais a rompu ses liens avec l’URSS lors de la dé-stalinisation initiée par Khrouchtchev, se voulant fidèle à la doctrine marxiste-léniniste. L’Albanie restera un régime stalinien très dur jusqu’en 1990. |
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