La Yougoslavie, la Serbie et le Kosovo Fin de la première guerre mondiale, démantèlement de l’empire Austro-Hongrois vaincu: ainsi naît la Yougoslavie sous sa forme primitive de monarchie. Après la Seconde Guerre mondiale, aux prémices de l’affrontement Est-Ouest, le communiste Tito prend la tête de l’État fédéral, qu’il tiendra d’une main de fer. La chute du bloc de l’Est en 1991 provoque un chaos politique dans le pays, avec chaque État fédéré ou « nation » réclamant plus d’autonomie: la Slovénie, la Croatie, la Bosnie, le Monténégro, la Macédoine, la Voïvodine et le Kosovo. Les deux derniers de la liste se démarquent du lot en ce qu’ils n’ont toujours pas accédé à la vraie indépendance qu’ils souhaitent. Le Kosovo est la région extrême sud de l’actuelle Serbie (qui, pour simplifier grossièrement, est le pays qui hérite vraiment de la Yougoslavie puisque a longtemps été son centre politique). La grande majorité des Kosovars sont des musulmans d’origine albanaise. Le reste de la Serbie est peuplé de serbes orthodoxe. Les Kosovars parlent l’albanais, les Serbes parlent le serbe. Les deux se revendiquent d’héritages historiques distincts. Plein de raisons pour les Kosovars de profiter du démantèlement de l’État central et de prétendre à leur propre État (voire de se rattacher à l’Albanie comme certains mouvements politiques souhaitent). Une guérilla se met en place pour libérer le Kosovo de l’emprise serbe. Le président serbe de l’époque, Slobodan Milošević, qui maintient les relations étroites avec la Russie, mène une répression intense contre les Kosovars. L’OTAN intervient en 1998avec une grosse campagne de bombardements, et sécurise le territoire du Kosovo. Les Kosovars commencent à s’auto-organiser sur leur territoire. En 2008, le gouvernement kosovar proclame son indépendance, reconnue par une grande partie des États occidentaux qui ont soutenu leur libération. La Russie, toujours grande copine des Serbes orthodoxes (qui sont le centre de l’influence russe dans les Balkans) oppose son véto à la reconnaissance du Kosovo comme nouvel État à l’ONU. Depuis, le Kosovo est un exemple parfait de ce genre de chat de Schrödinger international: il fonctionne comme un État (les Kosovars ont leur passeport, leur gouvernements, leurs ambassades là où ils sont reconnus comme État) mais n’ont pas accès à la qualification officielle d’État, n’ont pas de voix à l’ONU, n’ont pas accès à certains pays avec leur citoyenneté kosovare uniquement. D’autres exemples connus sont l’État de Palestine et Taïwan. Pour complexifier un peu le tout, il y a évidemment encore des régions du Kosovo largement peuplées par des Serbes (voir la carte ci-dessous). Depuis 2013, les Serbes (comprendre le gouvernement de Serbie) contrôlent leurs enclaves eux-mêmes, sans le concours du gouvernement du Kosovo basé à Pristina. C’est dans une de ces enclaves, Gračanica, que je m’envole dans un mois. Pour m’occuper de populations roms (et ça, c’est encore une autre histoire). |
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super travail ! bravo jeremy