La crise iranienne, son jeu et ses scénarios Depuis plusieurs mois, les tensions entre États-Unis et Iran s’intensifient graduellement, Washington appliquant une pression maximale sur la République Islamique et cette dernière cherchant à montrer au monde qu’elle n’est pas intimidée par ces méthodes. Comme pour toute crise, l’issue est très incertaine, et les événements peuvent prendre de nombreux chemins différents. Pour affiner ces possibilités, des chercheurs ont utilisé une méthode originale et, c’est le moins qu’on puisse dire, ludique: des « exercices de table » (c’est-à-dire une sorte de jeu de rôle plateau). Dans ce genre de procédé, plusieurs experts prennent le rôle de différents acteurs majeurs de la crise: bien évidemment les États-Unis et l’Iran, mais aussi la Chine, l’Europe, Israël, les pays du Golfe, etc. Chaque joueur connaît en profondeur la situation de l’acteur qu’ils interprètent, exposent la position qu’ils vont respecter pour le scénario testé, et déroule ensuite les événements, en décidant d’agir de telle ou telle manière.
Le jeu inclut de suivre un certain scénario. Trois scénarios ont été imaginé: un où l’escalade continue dans les quatre mois qui viennent, un où l’escalade continue après une réélection de Donald Trump, et un dernier où un nouveau Président américain cherche à retourner à la situation précédente de mise en place d’un accord nucléaire avec l’Iran. Les détails de ce qui se déroule pour chaque scénario sont détaillés dans l’article mis en lien ci-dessus, mais plusieurs grandes leçons émergent de cette simulation: l’Iran et les États-Unis ne souhaitent ni l’un ni l’autre une guerre ouverte, mais sont pris dans un engrenage les poussant à agir violemment. Pour maintenir la face, l’interprète de l’Iran a décidé de fomenter plusieurs attaques contre des forces américaines et des transports de pétrole via des groupes paramilitaires et des groupes criminels. Poussées par des considérations parfois intérieures (montrer à sa population que la République Islamique reste un chef de file anti-impérialiste), ces actions sont de possibles déclencheurs de guerre. Un autre enseignement de taille est la volatilité de deux puissances tierces: Israël et l’Arabie Saoudite. Ces deux joueurs se sont montrés particulièrement imprévisibles et agressifs, pouvant être les causes d’un déclenchement de conflit. Par ailleurs, le pays Oman s’est montré être un médiateur de choix dans les différents scénarios, mais mettre en place un agenda pour que l’Iran et les États-Unis se rencontrent s’est révélé difficile du au manque de confiance que les deux puissances s’accordent mutuellement. Le scénario d’un retour à l’accord nucléaire permet de tester la possibiité d’une nouvelle dénucléarisation de l’Iran, alors que le régime s’est durci dans ses propos anti-américains et que la confiance s’est évaporée. Toutes les parties au traité étaient d’avis de rejoindre à nouveau l’accord, mais l’Iran et les États-Unis ont avancé des conditions différentes, l’Iran souhaitant des réparations pour les trois années de violations de l’accord par Washington. Les élections en Iran, en plein dans la période étudiée, ont joué un grand rôle dans le jeu politique du pays, tiraillé entre forces modérées et radicales.
Il faut évidemment noter que ce genre d’exercice n’est pas intéressant pour ses capacités de prédictions exactes, mais plutôt pour comprendre les rouages de la crise, les intérêts des acteurs et les obstacles à la paix. Cette méthode est utilisée par les chercheurs mais également parfois par les décideurs politiques et les services de renseignement, afin de mieux comprendre ce à quoi ils font face et les risques qu’ils encourent pour chaque action décidée. C’est également un moyen de tester ses propres capacités de communication, de réaction et d’organisation dans l’urgence, comme tout autre exercice militaire. |
|
[VIDEO] L’Irak, ses voisins et l’eau Une grosse partie de l’Irak est composée de zones désertiques, mais le pays comprend aussi deux fleuves très importants pour l’Histoire de l’Humanité: l’Euphrate et le Tigre. Or ces deux fleuves ne prennent pas leurs sources en Irak, mais dans la Turquie au Nord, ainsi que l’Iran à l’Est. Il se trouve que ces deux pays ne se gênent pas trop pour construire d’imposants barrages qui réduisent le flot en aval, asséchant l’Irak de ses deux fleuves. Vox revient en vidéo sur la géopolitique de l’eau entre ces pays, et les conséquences pour le pays qui sort de plusieurs guerres dévastatrices. Non seulement la baisse du niveau des fleuves rend l’accès à l’eau potable plus difficile, et rend l’agriculture compliquée dans la région située entre les deux fleuves, traditionnellement fermière, mais la réduction du flot des fleuves rend également plus difficile la gestion des déchets, qui ne sont plus acheminés jusqu’à la mer par le fleuve et ne peuvent plus suffisamment se diluer, augmentant le taux de pollution de l’eau potable. Face à un flot de plus en plus faible, l’eau salée du Golfe Persique remonte le fleuve et tue une grande partie de la population de poissons d’eau douce présents. L’Irak est en reconstruction depuis les années 1990, ayant vécu trois périodes de guerre en 30 ans. Lors de la première guerre du Golfe, les États-Unis ont bombardé des installations hydro-électriques ainsi que des établissements de purification d’eau. Les tactiques contre-insurrectionnelles de Saddam Hussein ont aussi poussé à la désertification des régions fertiles, lorsqu’il ordonnait le changement de trajectoire de certaines parties des fleuves afin assoiffer les rebelles. Lors de l’avancée de Daesh dans les années 2010, les barrages irakiens furent utilisés comme des armes, coupant l’arrivée d’eau de villes entières pour rendre plus facile l’invasion puis le contrôle de ces cités. L’entièreté du réseau d’eau est aujourd’hui très affecté. La ville de Basra, proche de l’embouchure des deux fleuves, souffre particulièrement de la pénurie d’eau potable. En 2018, des émeutes liées au problème ont éclaté. On craint un cycle de violence qui se nourrit de problèmes trentenaires, rendus de pire en pire par une succession de conflits. |
|
[VIDEO] Les États et leurs changements de nom L’actualité récente a été marquée par l’accord sur le changement de nom de la Macédoine du Nord (dont on avait d’abord parlé ici). Les changements de noms d’États ne sont pas si inhabituels dans l’Histoire récente, et la chaîne WonderWhy nous donne un petit diaporama de différents cas, en cernant les raisons de ces changements. Un autre cas récent, moins connu. est celui du Swaziland, petite nation africaine récemment renommée Eswatini. Si la raison souvent avancée est la confusion avec le nom « Switzerland », la décision relève surtout d’une « africanisation » du nom, le nom précédent étant issu de la période coloniale. La vidéo explique bien la différence entre l’exonymie (nom donnée à un peuple par un autre peuple) et l’endonymie (nom donné par le peuple lui-même). Les exemples de passages d’un exonyme à un endonyme sont courants dans le monde post-colonial, mais pas seulement. Le choix d’un nom d’État n’est pas nécessairement partagé par toutes les langues. Un exemple connu est le nom de l’Allemagne, très différent selon les langues: Deutschland pour les allemands eux-mêmes (donc l’endonyme), Germany pour l’anglais, Nemačka en Serbe, etc. Un exemple moins connu mais intéressant concerne l’Albanie, qui est appelée « Shqipëria » par les Albanais eux-mêmes (« la terre des aigles », en référence à leur drapeau). Seuls les Albanais se nomment ainsi, le reste du monde ayant adopté un terme proche de « Albania », nom d’une des tribus romaines présentes sur ce territoire. |
|
|
Une carte des différents noms donnés à l’Allemagne parmi les langages européens |
|
N’hésitez pas à partager cette newsletter avec ce lien d’inscription. N’hésitez pas également à répondre à cette newsletter pour me poser des questions, me congratuler ou m’insulter.
Retrouvez toutes les newsletters sur le site https://geopol.lol/ |
|
|